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Flux de remplissage

Le remplissage veineux a lieu en continu aux deux temps du cycle cardiaque, alors que le débit des ventricules est alterné entre une période de remplissage et une période d’éjection. Le flux veineux central dans les veines caves et les veines pulmonaires présente une silhouette caractéristique (voir Figure 5.79) [3].
 
  • Un premier flux survient pendant la descente "x" de la pression auriculaire, qui se produit en deux temps: d'abord la relaxation auriculaire proprement dite, puis l’abaissement de la valve auriculo-ventriculaire dans le ventricule pendant le raccourcissement de ce dernier en systole. Dans les grandes veines centrales, ce premier flux est la composante systolique (S); un aspect bifide (S1 et S2) est en général visible à l’écho Doppler dans les veines pulmonaires:
    • S1 : relaxation auriculaire ;
    • S2 : abaissement de la valve auriculo-ventriculaire dans le ventricule (raccourcissement longitudinal) ;
    • Chute du flux entre S1 et S2 : décrochement "c" de la pression (habituellement non visible sur la POD).
  • Le deuxième flux veineux se place pendant la descente "y" de la pression: la vidange de l’oreillette dans le ventricule pendant la protodiastole lui permet de se remplir à nouveau depuis les veines centrales caves ou pulmonaires. C'est le flux veineux diastolique (D), qui s'écoule selon le gradient de pression qui règne entre les veines centrales, l'oreillette et le ventricule, tous trois étant en libre communication pendant cette phase puisque les valves mitrale et tricuspide sont ouvertes.
  • Le troisième flux est un petit flux rétrograde (Ar) dû à la contraction auriculaire, puisqu'il n'y a pas de valve sur les veines centrales. Il dépend de la force de contraction de l'oreillette  et augmente d'importance lorsque le ventricule devient rigide (dysfonction diastolique). Il disparaît en l'absence de rythme sinusal.
Ces pics de flux se retrouvent de manière identique dans les veines caves et dans les veines pulmonaires; seule leur vélocité maximale est différente. La pression moyenne de l’OG est supérieure à celle de l’OD, mais l'amplitude des oscillations de pressions est plus ample dans l’OG; les pics de pression y sont donc supérieurs à ceux de l’OD, alors que les nadirs de pressions y sont inférieurs, renversant momentanément le gradient de pression entre les deux oreillettes [1,2]. Ce renversement est particulièrement marqué en protosystole lors de la descente de l’anneau mitral (1-1.5 cm), qui diminue brusquement la POG. Le gradient de pression trans-septal entre l’OD et l’OG s’inverse donc deux fois au cours d’un cycle cardiaque (Figure 5.86) [4].
 
  • Ondes "a" et "v" :     POG > POD
  • Nadirs "x" et "y" :     POG < POD
 

Figure 5.86 : Courbes de pressions auriculaires. En rouge, pression dans l’OG, en jaune (traitillé), pression dans l’OD. Pendant les pics de pression, la pression est plus élevée dans l’OG que dans l’OD, alors que pendant les nadirs de pression, la pression de l’OG est plus basse que celle de l’OD. La membrane de la fosse ovale oscille en fonction du gradient de pression qui règne entre les deux oreillettes: elle est poussée dans l'OD pendant les périodes "a" et "v", mais bascule dans l'OG pendant les descentes "x" et "y" [1].
 
Ces gradients de pression commandent les oscillations de la membrane de la fosse ovale (septum interauriculaire) et le flux des communications interauriculaires. Celles-ci ont deux composantes majeures gauche → droite pendant les pics de pression "a" et "v", et deux composantes mineures droite → gauche pendant les nadirs de pression "x" et "y".
 
Pendant la première partie de la diastole ventriculaire, l'oreillette se vide passivement à travers la valve auriculo-ventriculaire selon le gradient de pression existant entre l’oreillette et le ventricule: c’est le flux E (voir Figure 5.79). Après une courte période d’équilibration (diastasis), survient la contraction auriculaire, qui engendre un deuxième pic de flux, ou flux A; celui-ci s’arrête lorsque commence la contraction isovolumétrique. C'est donc le pic "a" de la pression auriculaire (PAPO) qui correspond le mieux à la pression télédiastolique du ventricule. 
 
 
Flux veineux centraux
Flux dans veines caves et veines pulmonaires.
    - Composante systolique, correspond à la descente "x" de la pression auriculaire
    - Composante diastolique, correspond à la descente "y" de la pression auriculaire
    - Composante rétrograde due à la contraction auriculaire

Dans les oreillettes, les variations de pression sont plus amples dans l'OG que dans l'OD.
    - Pendant les pics de pression "a" et "v": POG > POD
    - Pendant les nadirs de pression "x" et "y": POG < POD

Ces gradients de pression entre les oreillettes commandent les mouvements du septum interauriculaire (oscillations cardiogéniques) et le flux des communications interauriculaires (CIA, FOP).


© CHASSOT PG  Août 2010, dernière mise à jour Novembre 2018
 

 
Références
 
  1. BELZ G, BERNUTH GV, HOFSTETTER R, et al. Temporal sequence of right and left atrial contraction during spontaneous sinus rhythm and paced left atrium rhythm. Br Heart J 1973; 35: 284-7
  2. CRILEY JM, BLAUFUSS AH, KISSEL KL. Cough-induced cardiac compression. JAMA 1976; 236:1246-8
  3. NISHIMURA RA, HOUSMANS PR, HATLE LK, TAJIK AJ.  Assessment of diastolic function of the heart: Background and current application of Doppler echocardiography. Part I: physiologic and pathophysiologic features. Mayo Clin Proc 1989; 64:71-81
  4. ROYSE CF, ROYSE AG, SOEDING PF, BLAKE DW. Shape and movement of the interatrial septum predicts change in     pulmonary capillary wedge pressure. Ann Thorac Cardiovasc Surg 2001; 7:79-83
 
05 Physiopathologie cardio-vasculaire